Leyokki
Leyokki vient du sioux « heyoka » et du finnois « liekki. » Encore faut-il préciser quelques éléments : les Sioux s’appellent en fait les Lakotas, les heyokas sont des « hommes à l’envers », mi- clowns mi-sacrés, et le finnois liekki (qui signifie flamme) recouvre ici le nom du dieu fripon Loki, dieu de la discorde de la mythologie nordique. Un nom qui porte donc en lui une synthèse impossible.
Leyokki, né en 1990, est un artiste numérique, vivant et travaillant entre Paris et Berlin. Il se dit tisseur de lignes de fuites. Il est diplômé de l’École de Recherche Graphique de Bruxelles, de l’Université Sorbonne- Nouvelle et de l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris. Son œuvre est constituée à la fois d’essais audiovisuels et d’installations numériques.
Leyokki est également fondateur du collectif d’artistes Brèches. Ce collectif, réunissant des cinéastes et plasticiens, s’approprie des images et des sons à la marge de l’ethnographie, de l’histoire de l’art et du cinéma documentaire dans une perspective critique et politique.
Actuellement en résidence à La Paillasse, à Paris, où se retrouvent des artistes et des scientifiques autour de projets transversaux, il y développe un projet d’instrument cinégraphique. Il est l’auteur de vidéos génératives et d’une série d’analyses visuelles. Les procédés vidéo utilisés par Leyokki lui permettent de créer des éléments de toutes pièces à partir d’effets de matières, d’enchainement de mouvement, de liens musicaux…tout cela offrant l’illusion d’un monde à la fois onirique, cosmique, organique, vivant et mouvant.
Plusieurs travaux de Leyokki font partie de cette publication et de l’exposition qui l’accompagne :
//wreckOfHope (2016) est un essai cinégraphique, conçu à partir du tableau de Caspar David Friedrich, la Mer de Glace (Eismeer, 1823-1824). Le tableau est modélisé en 3D par l’artiste, dans un geste de réinvention : il s’agit d’en imaginer l’arrière et le dessous. Le film déconstruit et reconstruit tour à tour le tableau, divisé en quatre écrans dont les mouvements ne font que se croiser. La bande son, quant à elle, reprise d’une romance pour violon et piano de Dvorák (Op.75), imprime et perturbe les mouvements croisés de l’image. Enfin, le titre, forme de commentaire, renvoie au sous-titre apocryphe du tableau « le Naufrage de l’espérance ».
Ode à la fin du monde (2017), 16:9, durée non quantifiable (vidéo générative) couleur : Ode à la fin du monde est une vidéo parasitaire. Elle est construite en temps réel et se nourrit d’images d’organismes divers dont elle mêle les formes (plantes, micro-algues, insectes, vers). La vidéo mêle, au gré de son algorithme, les images de ces êtres vivants. Le croisement est produit par le biais d’une synthèse de systèmes de reconnaissance visuelle et d’automates cellulaires, dont les couleurs sont définies en fonction de la température extérieure. Se dessine ainsi, entre constellations et traits cabalistiques, une ode visuelle, biotope symbolique dans laquelle s’entrecroise la mise en commun des questions écologiques.
Minima Moralia (2015) est une série photographique. Hybrides numériques, produits à mi-chemin entre feuilles et écorces. Le nom de la série est emprunté au livre homonyme de Theodor Adorno : Minima Moralia. Réflexions sur la vie mutilée (1951).
p3-noLlBnR-Rth130iW1cV1 (2016) est une vidéo générative, créée à partir de l'un des hybrides de la série Minima Moralia. L'image initiale se développe en suivant une version modifiée du Game of Life du mathématicien John Conway. La vidéo est produite par algorithme, inclus à l’origine dans l’installation MtrNr. À partir d’une première image, ici extraite de la série Minima Moralia, une animation est générée automatiquement. L’algorithme conçu par l’artiste s’inspire de l’automate cellulaire inventé par le mathématicien John H. Conway en 1970, le « Jeu de la Vie. » Le détail du nom de la vidéo correspond à l’ensemble des paramètres que l’artiste utilise dans le programme pour générer l’animation.