Romuald Martin
Romuald Martin, est un artiste français né en 1972. Il s’est tout d’abord consacré au modelage de l’argile, puis à la peinture, à la sculpture d’acier tout en menant parallèlement une recherche autour de l’écriture. Artiste protéiforme, Romulad Martin écrit des poèmes, peint, sculpte, filme, appliqué à construire et déconstruire le monde et les images qui l’entourent. Autodidacte, l’artiste s’approprie tout médium pour le transcender par un style « hérétique. » Peu soucieux des tendances et des mouvances, Romuald Martin vit en Bourgogne, loin des grandes villes et des modes esthétiques. Parmi ses autres activités, la poésie est essentielle. Il se consacre également à l’écriture cinématographique.
Les œuvres présentées dans cette publication et l’exposition qui l’accompagne appartiennent à sa production photographique et expérimentale. Le travail de l’artiste commence par une longue recherche de négatifs. Parfois centenaires, ces négatifs, après avoir été scannés et nettoyés, sont détournés et font l’objet d’une réappropriation. Romuald Martin, dans son travail photographique, s’est approprié la technique de la « Peintographie », procédé permettant de donner l’aspect d’une peinture à un cliché. L’artiste préfère travailler avec son important stock de négatifs plutôt qu’avec des photos numériques qu’il trouve sans âme. La touche de l’artiste appliquée à ces clichés fait perdre le caractère immédiat, ou d'instantanéité qui définit généralement la photographie.
Romuald Martin travaille de manière spontanée, superposant des calques au hasard et observant ensuite les formes, détails, textures qui en ressortent. Son processus l’oblige à passer par le test, par la réflexion et à travailler comme sur un modelage. Cela le mène régulièrement à entamer des projets qui demeureront à jamais inachevés. Le sujet anonyme plonge dans une nouvelle composition et y subit le passage à une autre dimension. Une seconde nature prend alors possession des visages et des corps remodelés par l’artiste. Les fonds deviennent abstraits et les sources de lumières changent. Privilégiant le noir et blanc, souvent imposé par les clichés récupérés, les peintographies de Romuald Martin peuvent paraître sombres au premier abord.
Au départ, Romuald Martin ne faisait qu’assembler des fragments de photographies de visages. Non pas dans l’idée de les rendre laids, mais bizarres. Il s’agissait alors plutôt d’une forme de jeu avec des visages humains. Certaines séries d’images présentent des « monstres », sans aucun symbole rapporté. D’autres font référence aux enfers à partir de photos anonymes, l'auréole ramenant de façon un peu grossière, il en convient, au registre du sacré. Les nouveaux sujets, des martyrs, des gueules cassées, des monstres, plongent le spectateur dans une œuvre grave et troublante.